NANAR DU MOIS : BRAZILIAN STARS WARS
Oui je sais... c’étaient bien les vacances, avec le soleil, la mer, la montagne, les forêts, les barbeucs... C’est la rentrée et son cortège de nostalgies. Alors je n’ai pas voulu vous imposer un Nanar tristounet. C’est en piochant dans Nanarland que j’ai pu dénicher cette comédie pouet-pouet : « Brazilian Stars Wars ». Cela m’a semblé judicieux car d’une part c’est une évocation estivale à Copacabana et d’autre part dans quelques semaines sortira un nouveau volet de « Stars Wars. »
Ce film réalisé par Adriano Stuart en 1978 n’est pas un très grand film. En fait c’est un Nanar et c’est pour cela qu’il est dans cette rubrique. Il faut dire que là franchement, on touche le fond... ! Ce film digne des œuvres turques ou philippines dont raffolent les plus fins gourmets de la nanardise.
Comment dire… Il s’agit en fait d’un team de comiques télévisuels dont l’humour consiste presque exclusivement à prendre l’air idiot, à se courir après en accéléré et à se filer des tartes. Et ça non stop pendant plus d’une heure trente. Après un gros succès dans quelques shows à la « Saturday Night Live », ils ont commencé à faire des films. Une quarantaine environ. Ces films sont pour la plupart parodiques : Sinbad, Robin des Bois, Cendrillon, Ali Baba, Le Magicien d’Oz, tout y passe à la moulinette... Un par an, en fait, de façon quasi ininterrompue des années 60 à 90.
Au nombre de 4, chacun avec un rôle bien défini, nous avons :
Renato Aragão dit Didi : le plus vieux, une casquette sur la tête et qui apparemment semble plus ou moins le leader du groupe. Cela ne l’empêche pas de se prendre son quota de taloches tout au long du film.
Dedé Santana : vieil ami du premier, celui qui a l’air le moins idiot et donc le plus effacé. On peut le considérer par défaut comme le « beau gosse » du groupe.
Mussum : le Black, grand spécialiste de l’air ahuri, reprenant tous les stéréotypes du Noir poltron qui roule des yeux quand il a peur.
Zacarias : un petit rondouillard avec une coupe de cheveux improbable (en fait une perruque) et une voix horripilante de crétin naïf.
Pour comprendre le niveau de ringardise de leurs films, imaginez des types dont l’humour mélange l’infantilisme, les grimaces et le comique gras sans oublier les poursuites en accéléré à la Benny Hill.
SYNOPSIS
L’histoire est d’une navrante simplicité : le film démarre abruptement par une course poursuite en voiture de dix minutes à 10 km/h mais passée en accéléré où les 4 Trapalhões en jeep échappent à des hordes de poursuivants. On ne connaîtra d’ailleurs jamais la raison de cette poursuite (probablement un running gag assurant la liaison avec les films précédents). Au bout du compte, nos héros se cachent de la foule déchaînée et vont camper. Là, premier gag bas de plafond, Didi pose sans le faire exprès une bougie sur le dos d’une tortue qui s’avance vers le postérieur de Mussum endormi. Aussitôt son arrière-train s’enflamme. Soudain, une soucoupe volante [vaisseaux spatiaux bricolés à partir de sèche cheveux et de saladiers défilent devant un écran bleu.] atterrit sur le campement de nos héros.
En sortent un ersatz de Luke Skywalker et un Wookie tout mité qui viennent chercher les comiques. S’en suit un peu de parlote en portugais.
Le petit groupe se rend sur une planète désertique (une plage à première vue), près d’un village composé de 5 igloos en polystyrène et peuplé par tout un tas de types avec des costumes en toile de jute et des masques ridicules. Soudain apparaît un pseudo Dark Vador, c’est-à-dire un type avec le costume du vrai auquel on a rajouté deux trois bouts de métal doré histoire d’éviter le procès. Il est accompagné par une demi-douzaine de types en uniformes noirs genre robots et d’autres avec des sacs en toile sur la tête pour faire office de masques (déjà au bout du budget costume ?) Les méchants attaquent le village : s’en suivent au moins dix minutes de bagarre et de poursuites en accéléré autour du village à base de boîtes à baffes et de coups sur la tête généralement assénés à la mauvaise personne. Le même gag peut être réutilisé quatre ou cinq fois de suite sans que ça gène personne. A la fin du combat, Darth Vador s’empare d’une fille (la princesse Leia du pauvre en quelque sorte) et s’enfuit avec au grand dam d’un Luke Skywalker en goguette qui nous régale de quelques mouvements de capoeira très approximatifs. Chewbacca, après avoir étalé une demi-douzaine d’assaillants façon Bud Spencer (en moins poilu), s’assied tranquillement et… s’allume une clope.
Brazilian star wars fight scene par Bub1138
Suite au combat, les 4 Trapalhões rencontrent 4 jolies filles, qui sont là dans le désert (si si ça peut....) sans qu’on sache pourquoi, et se lancent dans un festival de drague en prenant l’air le plus niais possible. Inexplicablement, elles tombent instantanément amoureuses des benêts. Nos héros partent à la recherche de la princesse… en 4X4, et débarquent dans une boîte de nuit avec des extraterrestres aux maquillages pitoyables sur fond de musique électro seventies inaudible. Là, l’infra Luke Skywalker interroge un genre de croisement entre Obi Wan Kenobi et l’empereur Palpatine qui joue les mystérieux cinq minutes avant de se faire tabasser par Luke pour qu’il lui dise où se trouve Dark Vador.
Pendant ce temps les Trapalhões font les cons sur la piste de danse. Heureusement, ils se contentent de danser, de croiser quelques extraterrestres très laids et de déclencher une bagarre avec les autochtones. Sur l’écran, les scènes s’enchaînent sans qu’on puisse arriver à déterminer précisément ce qui se passe.
Nos héros, leurs quatre copines, Luke et Chewie (qui fume de plus en plus et à l’air de s’en foutre royalement) partent à la recherche de Darkounet et de la princesse. Ils traversent des décors en plastique et passent tout d’abord par une grotte où ils sont attaqués par une araignée filmée en gros plan dans un plan en transparence digne des plus mauvaises émissions télé.
Nouveau gag : les Trapalhões trouvent un œuf géant. Les mimiques de Didi ne laissent pas de doutes : ouah, quelle belle omelette en perspective. Il s’empresse de casser la coquille et se fait alors attaquer pas un type en costume de poussin rouge… Les héros continuent à se balader dans un décor de plus en plus psychédélique. Ponctuellement, ils sont attaqués par les sbires de Dark Vador via des scènes synonymes d’un peu de capoera en accéléré et des grimaces des Trapalhões. Ils trouvent notamment un superlaser de la mort et s’empressent de faire les andouilles avec, désintégrant au passage une demi-douzaine d’extraterrestres sans le faire exprès (gag).
Au final, le méchant finit par se faire capturer et se prend quelques coups de pied au cul.. Et là, surprise au vu des dialogues et de la mine déconfites de Luke : la princesse Leila a disparu. Définitivement disparu… Ni une ni deux, Luke drague la copine de Didi. En fin de compte, les filles restent sur la planète (et Luke file le parfait amour avec la copine à Didi), les Trapalhões rentrent sur Terre et se réveillent dans leur campement. N’était-ce donc qu’un rêve ? Soudain ils découvrent une montagne de lingots d’or dans leur Jeep et la soucoupe volante les survole pour faire un dernier coucou. Fin du film.
Brazilian Star Wars (V.O) Part 2 par moidixmois
Le point de vue des critiques (les mauvaises langues quoi.....)
On pourrait comparer le Brazilian Star Wars à un film des Charlots mais tourné sans son, avec pour unique moyen de communication un synthétiseur Fisher Price. En effet, si un acteur tombe, il est de bon ton de mettre un tonique « zboing ! » en fond sonore. C’est utile ma foi, mais un peu lourd quand le fameux « zboing » et la chute sont répétés 1485 fois et que le « zboing » en question se transforme parfois en « wiiiiz » ou en « digili gili ». Le film doit comporter, en tout et pour tout, 20 lignes de dialogue. C’est peu. Mais c’est SI peu que ça en devient insoutenable.
! IMPORTANT ! Vous verrez que dans ce film, il faut saisir la notion de TEMPS. Pas l’espace, ni la matière... le temps. Fameuse notion qui nous permet d’apprécier ou de souffrir un instant de notre vie. Car ce film n’est qu’une énorme tranche d’espace temps qui met une durée folle à s’écouler. Où se retrouvent moult répétitions dans un rythme d’images qui est soit accéléré, soit ralenti à outrance.
Alors effectivement ça commence par une course poursuite en accéléré qui promet d’être marrante... hélas, au bout de 10 mn, on se demande si on n’a pas mixé le script de Shérif Fais Moi Peur avec celui de Star Wars. Il a bien fallu attendre la venue de Chewbacca avec sa chemise à jabot et son pantalon qui change de couleur selon les raccords pour redonner un espoir à nos yeux de nanardeur. Hélas de courte durée... car si le film manie bien les images en accéléré, il n’hésite pas aussi à utiliser les ralentis pour bien faire comprendre les péripéties de nos personnages (et les cascades burlesques de « Luke Skywalker », qu’on appellera « Luego el Caminhante del Céu » pour faire plus portugais). Et c’est comme ça pendant 1h38... de l’accéléré, du ralenti, du synthétiseur monotouche... Ce qui fait qu’à l’instar d’une analyse des différents stades d’une maladie, nous pouvons observer les réactions symptomatiques des sujets soumis à la vision d’un tel objet cinématographique :
La fin du film sonne comme une délivrance. Que dire de plus ? Rien. Nous avons l’impression d’avoir assisté à un truc dont personne ne saurait vraiment parler. L’acteur est décédé d’un cancer il y a quelques années (y a t-il cause et effet ?) . Depuis nous le soupçonnons de posséder un pouvoir occulte (que certains se méfient, il a vociféré des menaces semblables sur certains forumeurs).
On se rend compte que notre mémoire est altérée, le temps... toujours le temps. Le film était si long qu’on en a oublié des passages entiers. « La scène des fruits ? Quelle scène des fruits !?! Je m’en souviens pas... »