Nanar de Novembre 2016 _ Tais toi quand tu parles

  • Mis à jour : 29 septembre 2018

Réfrence :Nanarland

Le mois de Novembre 2016 donnera lieu à de nombreux joutes oraux et électoraux. En France ce sera la primaire de la Droite , du centre , .... de la gauche (?) ...Enfin des élections "primaires" quoi...... Aux USA ce sera le choix du Docteur Folamour ou de Miss Périgrine ...Autant de rendez vous qui instantanément m’ont fait apparaître le film qui va suivre comme une évidence :
TAIS-TOI QUAND TU PARLES
Réalisateur : Philippe Clair
Année : 1981 -(Tiens tiens ! )
Pays : France
Acteurs principaux : Philippe Clair, Edwige Fenech, Aldo Maccione, Jacques François, Tarak Harbi, Philippe Nicaud

Philippe Clair n’est pas un réalisateur inconnu pour nous .Nous avons déjà eu l’occasion de présenter un de ses films dans cette chronique : « Comment se faire réformer ». Au bout d’un quart d’heure, vous êtes groggy par tant de stupidité, vous bavez sur votre plastron. Au bout d’une demi-heure, vous basculez dans une autre dimension, où tous les critères esthétiques sont dénués de sens. Vous commencez à avoir des hallucinations auditives et visuelles. Trois quarts d’heure de Philippe Clair et vous avez déjà perdu trente points de QI

« Tais-toi quand tu parles » représente quelque chose comme le dessus du panier de la production de Philippe Clair. Tout d’abord, il a un début, un milieu et une fin, soit quelque chose qui ressemble à un scénario. Ensuite, il fait montre d’une certaine invention dans les gags, c’est-à-dire qu’il est souvent drôle sur le papier, à défaut de l’être à l’écran. Enfin, il a pour intérêt historique d’être la première collaboration de Philippe Clair avec en vedette celui qui est considéré comme son acteur fétiche : Aldo Maccione ! Avec « Tais-toi quand tu parles » s’ouvrait la grande tétralogie des années 80 qui allait inaugurer la période de Maccione en vedette comique. Acteur comique de complément en Italie, Aldo Maccione était peu à peu devenu une vedette en France. Partenaire de Pierre Richard, présent jusque-là dans des films d’assez bonne qualité, il allait devenir dans les années 80 le symbole du comique ringard français. Ce film est précisément celui qui inaugura son règne infernal...

"Bon ben on va dire que je serais Sean Connery..."

L’histoire est une espèce de variation sur le thème du rêveur éveillé. Aldo joue le rôle de Giacomo, un chômeur professionnel couvé par une mère abusive, qui imagine, pour s’évader de sa vie médiocre, qu’il est James Bond. Il passe ainsi une grande part de son temps à végéter dans des songes où il incarne 007, fait tomber toutes les femmes à ses pieds et courtise une créature de rêve jouée par Edwige Fenech.

"Bon ben moi je suis Ursula Andress alors..."

Or, notre héros ignore qu’il est justement le sosie d’un grand agent secret français, James, qui vient d’être tué en mission en Tunisie. Persuadé qu’il est réellement leur agent qui se serait fait passer pour mort afin de disparaître, les services secrets mettent la main sur Giacomo et l’envoient terminer la mission de James. Mais, source de gags inépuisables, Giacomo est persuadé qu’il est toujours en train de rêver ! Les agents : « Tu dois terminer ta mission ! » Giacomo : « Ma, quelle mission, Goldfinger ? Attention, pas Moonraker, parce que celle-là, j’aime pas du tout ! ». Une bonne partie des gags vont donc découler du fait que le héros croit rêver, alors que ce qu’il vit est bien réel. Un exemple : Aldo se casse la gueule, et s’écrie « Oh là là, je commence à en avoir marre, de ce rêve ! ». Bon, c’est limité, mais ça pourrait encore aller ; cependant le réalisateur, qui a trouvé une idée vaguement poétique, ne s’arrête pas en si bon chemin et apporte au film ce qui fait la "Philippe Clair’s touch" : une vulgarité totalement abominable qui ferait parfois passer Max Pécas pour un esthète !

Ainsi, dans ses rêves, Aldo Maccione tatoue les femmes comme du bétail en leur tamponnant la fesse aux initiales de James Bond. Voir le fier Aldo, sa bedaine comprimée dans un smoking de 007, apposer son tampon sur le postérieur d’une rangée de filles en maillot de bain qui gémissent de plaisir d’être ainsi marquées est un spectacle tout bonnement à couper le souffle d’émotion. Des siècles de fantasmes masculins synthétisés et illustrés en quelques minutes de film, merci Philippe Clair !

Philippe Clair sait filmer les femmes.

Mais Maître Clair est un homme dont le non-talent recouvre de multiples facettes : non content d’être un réalisateur lamentable, il est aussi l’un des pires acteurs comiques que l’on puisse voir sur un écran, et comme on n’est jamais si bien desservi que par soi-même, il ne manque jamais de le prouver en s’accordant des rôles dans ses films. Le grand homme joue ici le rôle d’un Arabe, contact des services secrets français en Tunisie, et à chacune de ses apparitions à l’écran, c’est un véritable bonheur dans toutes les ANPE-spectacle ! C’est bien simple, à côté de Philippe Clair, le dernier des acteurs ringards se met à se prendre pour un comédien de génie ! On devrait le prescrire comme antidépresseur aux intermittents recalculés…

Un film de Philippe Clair ne serait cependant pas ce qu’il est sans des ingrédients dont le dosage fait toujours le succès de la recette :
- De la fesse, tout d’abord, le quota charme étant assuré par Edwige Fenech, dans l’un de ses rares films français. Aldo Maccione va en effet rencontrer lors de sa mission tunisienne l’héroïne de ses rêves, en chair et en os, d’où galipettes et entrechats. On notera que Miss Fenech a fait preuve de goût dans sa filmo : abonnée aux comédies ringardes en Italie, elle réussit l’exploit, lors de son escapade dans le cinéma français, de trouver pire encore !