CAFE CINEMA
LES GRANDS ACTEURS ET ACTRICES FRANÇAIS : FERNANDEL
Fernand Contandin, dit Fernandel, issu du music-hall, il fut durant plusieurs décennies l’une des plus grandes stars du cinéma français, véritable champion du box-office qui attira plus de 200 millions de spectateurs dans les salles. Comique emblématique du cinéma d’avant et d’après la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de ses films sont devenus des classiques, comme « Le Schpountz, L’Auberge rouge, Ali Baba et les Quarante voleurs ou La Cuisine au beurre, » au même titre que plusieurs de ses personnages, à l’image de Don Camillo. Il a également tenu avec succès des rôles plus dramatiques, notamment dans« Naïs, La Vache et le Prisonnier ou Heureux qui comme Ulysse. »
Chanteur populaire, il a également laissé une discographie importante, parsemée là aussi de classiques tels que Félicie aussi, Ignace ou Le Tango corse. Reconnaissable grâce à sa fameuse « gueule de cheval » comme il se plaisait à le dire lui-même, il acquit une popularité internationale telle que le général de Gaulle déclara, lors d’une réception à l’Élysée le 3 mai 1968, qu’il était « le seul Français qui soit plus célèbre que [lui] dans le monde ». Son succès ne s’est jamais démenti. Marcel Pagnol dit aussi de lui : « Il a été l’un des plus grands et des plus célèbres acteurs de notre temps et l’on ne peut le comparer qu’à Charlie Chaplin. »
BIOGRAPHIE
Jeunesse
Fernand Joseph Désiré Contandin naît au 70 boulevard Chave à Marseille. Son père, Denis Contandin, comptable mais aussi comédien-chanteur amateur sous le pseudonyme de Sined (anacyclique de Denis), et sa mère Désirée Bédouin, également comédienne amatrice, remarquent rapidement le talent du jeune Fernand. Il suit souvent son père lors des concerts qu’il organise dans la banlieue marseillaise en montant sur les planches. C’est à l’occasion d’un concours pour petits chanteurs amateurs qu’il remporte le premier prix des enfants prodiges au théâtre du Châtelet de Marseille.
Andrex, comédien et ami d’enfance de l’acteur, raconte à son propos : « Fernandel, qui n’était alors que Fernand, fit ses débuts sur scène à cinq ans en chantant le répertoire militaire avec son frère aîné, Marcel. Il connut son premier grand succès à sept ans, un jour où, paralysé par le trac, il fut propulsé sur la scène par son père, d’un grand coup de pied au derrière ; il s’empêtra dans son sabre et s’étala de tout son long sous une tempête de rires. Par la suite, il n’eut plus jamais peur d’affronter le public. »
À sa sortie de l’école, le père de Fernand le place à la Société marseillaise de crédit dont il ne tarde pas à se faire congédier. Il enchaîne ensuite les petits boulots alimentaires, portant des sacs de sucre dans le port de Marseille (il tient une semaine), travaillant dans une maison de tissus et dans de nombreuses banques, mais sa passion du tour de chant et son caractère volage ne lui permettent pas de s’assurer une situation stable. En parallèle, il court le cachet comme comique troupier dans des noces et banquets, et sur les scènes des cafés-concerts de Marseille (Les Variétés, Le Palais de cristal, Le Grand Casino, L’Eldorado, l’Alcazar), où son profil chevalin marque les esprits.
Il accepte finalement une place à la savonnerie du Fer-à-cheval qu’il conserve jusqu’à son incorporation sous les drapeaux au printemps 1925. D’abord à Grenoble, puis à Marseille, son service militaire se déroule plutôt bien puisqu’il rentre tous les soirs chez lui.
Trois semaines avant qu’il ne soit libéré de ses obligations militaires et retrouve une place à la savonnerie, Andre Valette, le directeur de l’Odéon de Marseille, l’engage pour remplacer la vedette parisienne, conspuée par le public, en première partie de programme. Le numéro de tourlourou de Fernandel, constitué des succès de Gaston Ouvrard (C’est beau la nature), de Polin (Elle a de la barbe) et quelques créations, dont deux chansons écrites par Jean Manse, est un triomphe. Jean Faraud, le directeur français de la Paramount dont fait partie l’établissement et qui assiste par hasard à la prestation, lui propose immédiatement un contrat pour se produire dans l’ensemble du circuit. Fernandel débute le 19 mars 1927 à Bordeaux où il retrouve Andrex, puis enchaîne avec Toulouse, Nice et Lille.
Débuts parisiens
Le 7 décembre 1928, Fernandel fait ses débuts parisiens à « Bobino ». Grâce au succès de cette prestation, il signe dès le lendemain un contrat de dix-neuf semaines pour le circuit des cinémas Pathé de Paris. Malgré la mort de son père le 10 mars 1930, il poursuit sa carrière de comique à Paris. Installé dans un modeste hôtel de Ménilmontant, rue Pelleport, il débute à l’Élysée-Palace de Vichy. C’est là que Henri Varna, directeur du « Casino de Paris » et du « théâtre Mogador », le voit et l’engage pour la revue d’hiver du concert Mayol, revue déshabillée à succès de l’époque réunissant le tout-Paris. Fernandel et Parisys y interprètent trois sketches intercalés entre les numéros de danse. Le réalisateur Marc Allégret qui y assiste est frappé par le physique et la personnalité de Fernandel ; il décide de lui offrir le rôle d’un groom dans le film qu’il prépare avec Sacha Guitry _ « Le Blanc et le Noir ». 1930 marque ainsi le début de la carrière cinématographique de Fernandel.
L’année suivante en 1931 Jean Renoir lui offre un rôle plus important aux côtés de Michel Simon dans « On purge bébé », d’après la pièce de Georges Feydeau.
Cette même année, il « croise » Jean Gabin dans le film « Cœur de lilas ». L’année suivante, il est pour la première fois la vedette d’un film « Le Rosier de madame Husson » de Dominique Bernard-Deschamps d’après une nouvelle de Guy de Maupassant.
Vedettariat
Par la suite, ses triomphes se multiplient, notamment dans les films de Christian-Jaque, « Un de la légion » et « François Ier » (1936), « Josette » (1937, film dans lequel joue aussi sa fille aînée),
mais surtout dans ceux de Marcel Pagnol : « Angèle » (1934), « Regain » (1937), « Le Schpountz » (1938), « La Fille du puisatier » (1940), et plus tard « Topaze » (1951).
Les succès cinématographiques n’empêchent pas Fernandel de continuer une carrière de chanteur. Il joue dans de nombreuses comédies musicales, le plus souvent transformées en film par la suite. Certaines des chansons qu’il y interprète deviennent des « tubes », comme « Ignace », « Simplet » ou « Félicie aussi ».
En 1937, il publie ses premiers mémoires en feuilletons qui s’arrachent dans le quotidien communiste Ce soir.
En 1939, à la suite de la déclaration de guerre à l’Allemagne, il est mobilisé pendant la « drôle de guerre », à Marseille, dans le 15e escadron du train des équipages, caserne d’Aurelles. Il est cantonné dans la cour de son unité après avoir provoqué une émeute lors de son premier tour de garde, puis démobilisé à la suite de la signature de l’armistice. Il a, entre temps, enregistré Francine (1939), chanson très engagée contre la propagande allemande.
Ses films des années 1940, dont deux qu’il réalise lui-même : « Simplet » (1942) et « Adrien » (1943), sont essentiellement tournés pour la Continental-Films, société de production financée par des capitaux allemands. Comme nombre d’artistes sous l’Occupation, il continue en effet de chanter dans des cabarets, se fait applaudir au Grand Casino et au Casino des Fleurs de Vichy et fredonne sur Radio Paris.
Dans les années 1950
Dans les années 1950, il retrouve le succès avec des films comme « L’Auberge rouge » (1951) de Claude Autant-Lara, « Ali Baba et les Quarante voleurs » (1954) de Jacques Becker ainsi que « La Vache et le Prisonnier » d’Henri Verneuil tourné en 1959. Il réalise également « Adhémar ou le Jouet de la fatalité », en 1951, sur un scénario de Sacha Guitry.
Mais c’est surtout la série des Don Camillo, tirés de l’œuvre de Giovannino Guareschi, dans laquelle le curé et le maire communiste d’un petit village italien se livrent à une lutte d’influence feutrée ; son interprétation bon enfant, en ces temps de guerre froide, assoit sa notoriété. Il tournera six films en tout : « Le Petit Monde de don Camillo » (1951) et « Le Retour de don Camillo » (1953) de Julien Duvivier, puis, avec d’autres réalisateurs, « La Grande Bagarre de don Camillo » (1955), « Don Camillo Monseigneur » (1961), « Don Camillo en Russie » (1965) et enfin « Don Camillo et les Contestataires », qu’il commence en 1970 mais ne pourra achever en raison du cancer qui va l’emporter l’année suivante.
Fernandel remporte parallèlement un grand succès public et critique avec les enregistrements discographiques des Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet (La Chèvre de monsieur Seguin, Les Trois Messes basses, Le Secret de maître Cornille, etc.).
En 1963, il fonde avec Jean Gabin la société de production Gafer d’ après la première syllabe de leur pseudonyme qui sont Gabin et Fernandel. Car s’ils avaient utilisé la première syllabe de leur vrai nom, cela aurait donné : Moncon de Moncorgé et Contandin.. Leur première production sera « L’Âge ingrat » de Gilles Grangier.
Décès
Fernandel est atteint d’un cancer généralisé, mais sa famille lui cache la gravité de son état jusqu’à la fin. Le 26 février 1971, épuisé par la maladie, il meurt dans son somptueux appartement tout en marbre au 44 de l’avenue Foch à Paris19. Il est inhumé au cimetière de Passy. Il était aussi propriétaire d’une villa à Carry-le-Rouet et d’une vaste demeure à Marseille, « Les Mille Roses » sur l’avenue des Trois-Lucs.
VIE PRIVEE
Fernandel avait deux frères, Auguste-Marcel, son aîné de 6 ans (avec lequel il se produira un temps sous les noms de Marcel et Fernand Sined), et Francis dit Fransined plus jeune que lui de 11 ans, ainsi qu’une sœur.
Le 4 avril 1925, à 22 ans, il épouse Henriette-Félicie Manse (1902-1984), la sœur de son ami, le parolier Jean Manse.
Ils auront trois enfants : Josette en 1926, Janine en 1930 et Franck en 1935.
C’est à la mère d’Henriette qu’est attribuée l’origine de son pseudonyme « Fernandel », voyant le jeune Fernand si empressé auprès de sa fille elle dit en riant : « Fernand d’elle... », la phrase fait mouche, elle est adoptée par le comédien pour en faire son nom de scène. Il est aussi probable que Fernandel vienne directement du provençal, qui signifie « petit Fernand ». Il effectue son service militaire un mois après son mariage. Affecté au 93e régiment d’artillerie de montagne de Grenoble, il est libéré le 29 avril 1926.
Les journaux à sensation, friands de scandales autour des célébrités, n’en ont jamais débusqué dans la vie privée de Fernandel. À tel point que l’un d’entre eux titre un jour, dans un geste d’autodérision, « La femme cachée de Fernandel », ladite femme étant la sienne que jamais il ne mettait en avant. Dans une de ses dernières interviews, Jean Gabin témoigne de la moralité de Fernandel dans tous les domaines, tant en amitié qu’en affaires.
Filmographie
Fernandel fait partie des acteurs français ayant attiré le plus grand nombre de spectateurs dans les salles : environ 202 millions entre 1945 et 1970. Ses films ayant eu la plus grosse audience sont :
1952 : Le Petit Monde de don Camillo de Julien Duvivier : 12,79 millions d’entrées
1959 : La Vache et le Prisonnier d’Henri Verneuil : 8,84 millions d’entrées
1953 : Le Retour de don Camillo de Julien Duvivier : 7,42 millions d’entrées
1963 : La Cuisine au beurre de Gilles Grangier avec Bourvil : 6,39 millions d’entrées
Filmographie de Fernandel
2000 : « Ernest le rebelle »
1995 : « Naïs »
1970 : « Heureux qui comme Ulysse »
1965 : « Don Camillo en Russie » _ « La Bourse et la Vie »
1962 : « En avant la musique »
1961 : « L’assassin est dans l’annuaire »
1959 : « La Vache et le Prisonnier » _ « Le Grand Chef »
1957 : « Sénéchal le magnifique »
1956 : « Le Tour du monde en 80 jours »_ « Le Couturier de ces dames »_ « Honoré de Marseille » _ « Don Juan »
1954 : « Ali Baba et les Quarante Voleurs »
1953 : « L’Ennemi public n°1 »
1952 : « Le Petit Monde de Don Camillo »
1951 : « L’Auberge rouge » _ « Adhémar ou le Jouet de la fatalité »_ « La Table aux crevés » _ « Topaze »
1950 : « Tu m’as sauvé la vie » _ « Boniface somnambule » _ « Casimir » _ « Meurtres »
1948 : « L’Armoire volante »_
1946 : « Coeur de coq »
1945 : « Naïs »
1943 : « La Cavalcade des heures »
1941 : « L’Acrobate »
1939 : « Fric-Frac »
1938 : « Raphaël le tatoué »
1937 : « Un carnet de bal » _ « Le Schpountz »_ « Regain » _ « Ignace » _ « François Ier » _ « Hercule »
1934 : « Angèle »
1932 : « Les Gaietés de l’escadron »
1931 : « On purge bébé » _ « Cœur de lilas » _ « Paris-béguin »