CINEMA DU HONDURAS
Très peu abordé en tant que tel dans les pages du web, il a fallu parcourir la « toile » pour glaner ici et là des informations sur l’histoire et le développement du cinéma dans ce pays. En fait à ce jour je n’ai pu obtenir aucune information sur les débuts du cinéma en Honduras. J’ai donc diviser cette rubrique de façon un peu artificiel : les films, les réalisateurs, l’état du cinéma hondurien et perspective d’avenir
LES FILMS
Le Honduras lieu touristique de la civilisation Maya, est l’objet de nombreux documentaires ou court-métrages. Nous avons retenu les films ayant un intérêt pour la vie sociale et politique en Honduras. Comme beaucoup d’Amérique Latine, les sujets sont principalement tournés vers les inégalités sociales et les exactions des exploitants.
« NO HAY TIERRA SIN DUENO » de Sami KAFATI - Honduras - 1996
Don Calixto est un propriétaire terrien tout-puissant d’Amérique latine. Auteur de nombreux méfaits, dépourvu de tout sens moral, il est aussi prompt à écraser les hommes sur leur terre que les femmes sous son désir. Meurtrier impuni, le regard de l’Eglise retient à peine son bras dans sa fièvre de posséder.
« ANITA LA CHASSEUSE D’INSECTES » (ANITA LA CAZADORA DE INSECTOS) de Hispano DURON - Honduras — 1999
Le film présente l’histoire d’Ana, une adolescente appliquée qui a presque 15 ans. Tout semble indiquer que sa vie sera réussie, car elle est la meilleure élève de sa classe. Pour établir de meilleures relations dans la société, son père lui demande de s’identifier aux "turquitas" (le terme "turc" désigne les Arabes et les Palestiniens du Honduras , qui sont pour la plupart des hommes d’affaires qui dominent le système économique du pays. , ils sont connus sous le nom de Turcs car c’était le passeport avec lequel ils sont arrivés au Honduras au début du 20ème siècle). Certains membres de la société hondurienne considèrent les Turcs avec une certaine méfiance et parfois avec haine, car ils ont toujours été considérés comme des exploiteurs et des mauvais patrons, mais qu’ils pourraient à l’avenir vous aider à gravir les échelons sociaux.
C’est lors de ces rencontres qu’elle rencontre un cousin dont elle finit par tomber amoureux même si lui et ses amis rejettent Ana. Son père refuse de leur rendre visite après s’être rendu compte qu’ils ont des habitudes très libérales. Ana commence un déclin et une dépendance à la collecte d’ insectes. Par la suite, Anita entre dans un état parfois dans un état de folie. Elle s’échappe de chez elle et commence à errer à la recherche d’insectes. C’est alors qu’un trafiquant de drogue la trouve et la ramène chez elle.
À la mort du vendeur, Anita retourne chez elle où son père ivre, se rendant compte que sa fille est enceinte , la frappe et lui fait perdre le bébé . À la fin, Anita s’échappe à nouveau pour ne pas revenir, bien que sa mère récupère les papillons qu’elle trouve dans sa chambre, les garde dans un cahier et note la date avec l’espoir de lui montrer le cahier à son retour tant elle sait à quel point elle lui manque.
« INFORMER ET RESISTER AU HONDURAS » de Jesse FREESTON - Documentaire - Vénézuela 2012 – 0h30 - VOST
Un documentaire sur les attaques subies par les journalistes et les médias dans la période de l’après coup d’Etat de 2009. Ce documentaire a initialement été diffusé sur la chaîne télévisée Telesur.
« NAACHUL », la cité Maya oubliée de Stéphane BEGOIN - Documentaire - France - 2015
Dans l’histoire Maya, deux villes célèbres, Tikal et Calakmul, se sont opposé pendant des centaines d’années. Profitant de cette rivalité, une troisième ville a su se développer et accéder au statut de cité-état : Naachtun ou "le royaume de la chauve-souris". Cette dernière a assisté à la chute de ses rivales et leur a survécu pendant deux cent ans, avant de disparaître à son tour. Comment ? Pourquoi ? Stéphane Bégoin a suivi une équipe d’archéologues à travers l’Honduras, le Guatemala et le Mexique pour percer son secret et étudier ce qu’il reste de la culture et des traditions Mayas.
« OLANCHO » de Chris VALDÉS et Ted GRISWOLD - documentaire Honduras / USA 2017 1h10mn VOSTF - Film en compe ?tition dans la cadre du festival MUSICAL ÉCRAN 2018
Olancho : c’est le nom du plus grand état du Honduras. C’est aussi l’un des plus pauvres et les plus dangereux au monde en dehors des zones de conflit. Les musiciens y glorifient les trafiquants qui ont détruit leur pays et qui menacent parfois la vie de leurs proches. Leur ville est devenue le point d’atterrissage stratégique des petits avions qui transportent la cocaïne de l’Amérique du Sud vers les États-Unis. Olancho raconte l’histoire d’un groupe de musiciens qui survit en se produisant pour les puissants cartels de la drogue. Mais dans un monde où les cartels exercent le pouvoir, ont-ils le choix ?
« NAMASIGUE, UN VILLAGE SANS HOMMES » de Elipe Mahé - Honduras - 2018
Au sud de l’Honduras dans la région de Choluteca, un village nommé Namasigue abrite une petite collectivité de femme vivant sans hommes. Il est le reflet de la situation économique, politique et sociale du Honduras étant pour le moins instable, beaucoup sont les hommes qui ont migrés vers le nord, lorsqu’ils n’ont pas été emprisonnés voire assassinés.
Aussi ce petit village recueille une majorité de femmes qui ont dû s’adapter à vivre sans l’aide de ces derniers. Elles ont donc trouvé leur salut grâce à la culture de la noix de cajou appelée “marañon”.
La précieuse noix très en vogue aux Etats-Unis et en Europe, grâce à ces biens faits nutritifs, réclame une culture fastidieuse et minutieuse que ces femmes s’acharnent à entretenir jour après jour. Ces dernières sont à l’origine de la création d’une coopérative nommée Crepaimasul, permettant à 5 villages de la région de Choluteca, de s’associer afin de commercialiser la culture de la noix de cajou biologique à l’étranger.
Vivant dans des conditions précaires à savoir sans eaux courantes ni électricité, elles ont néanmoins réussi à trouver un équilibre entre femmes et enfants, avec des journées rythmées par les tâches quotidiennes et la culture du précieux fruit. Ouvrières de la terre, leur ordinaire commence à l’aube et s’éteint au crépuscule dans la cacophonie des cris vivifiant des enfants.
Ce reportage, met en lumière le quotidien de ces femmes qui font de chaque jour une épreuve. A leur côté, elles offrent la douce intimité des mères de famille combiné à celle des travailleuses laborieuses. De cette offrande, sont saisies des moments sans artifice, ni mise en scène, des instants de réalité dans la chaleur et la confidence du foyer familial. Reflet de ces femmes fières, aux pieds sur terre, tenant entre leurs mains, leurs précieux, leurs trésors, qui leurs permet de perdurer et subsister.
LES REALISATEURS
Mahé ELIPE
Mahé Elipe est née en 1991 en région Parisienne.
Elle suit ses études à Toulouse, passant d’une Licence en Arts Appliqués, à l’université du Mirail, à une école de Photographie l’ETPA en 2012, lui permettant ainsi d’aiguiser son oeil aux arts visuels.
Elle décide ensuite de s’installer à Paris pour s’adonner complètement à sa passion, où elle travaille en parallèle en tant qu’assistante Photo dans le monde de la mode et réalise en parallèle ses premiers reportages sociaux et documentaires.
Ses mots d’ordres étant le social, l’art et la communication, elle s’interroge beaucoup sur la place de l’humain dans la société, en tirant profit du médium qu’est la photographie.
Mahé construit alors ses images en se nourrissant de la culture de ceux qu’elle rencontre. C’est notamment au cours de ses voyages, en Europe de l’Est, ou encore aux Etats-Unis et en Amérique Latine qu’elle retranscrit par l’image, une partie de l’histoire des sujets qu’elle rencontre. Mahé Elipe est membre du studio Hans Lucas depuis novembre 2016.
www.mahelipe.com
mahe.elipe gmail.com
José Manuel TORRES
Sami KAFATI
Sami Kafati est né au Honduras le 21 décembre 1936. Il a étudié le cinéma à l’Université des Sciences Sociales de Rome. En 1963, il réalise “Mi amigo Angel” : son premier court métrage est aussi le premier film de l’histoire cinématographique hondurienne. Après avoir réalisé plusieurs documentaires, il commence à tourner en 1984 son premier long métrage, “No hay tierra sin dueño”. Le montage du film ne sera terminé qu’en 1996 et il décèdera une semaine après. Son fils, Ramsés Kafati reprends le projet et le termine au Chili en 2001
Reyes RUBEN
- LA CULTURE GARIFUNA
Au cours de l’année 1635, deux bateaux chargés d’esclaves provenant du golfe de Guinée ont fait naufrage près de Saint-Vincent. A cette époque, cette île caribéenne était peuplée par la société des Calíponas, résultat du mélange entre la tribu d’aborigène conquérante Callinagu et la tribu Arawak, provenant de Saint- Vincent.
Disposés à adopter les nouvelles coutumes, les récents arrivés se sont unis par le mariage avec les natives, donnant naissance à race Garifuna, des caribéens noirs dont le nom signifie « personnes qui mangent le manioc ».
Quelques années plus tard, quand les anglais ont colonisé Saint-Vincent après de sanglantes batailles contre les caribéens noirs, ils ont affronté un problème inattendu. La coexistence entre leurs propres esclaves et les Garifunas s’avéra problématique, car bien que les deux fussent de peau noire, les caribéens noirs maintenaient leur condition d’homme libre. La solution la plus pratique des colons fut de pourchasser et d’assassiner tous les garifunas qu’ils rencontraient sur leur chemin. Des quatre mille trois cents survivants qui furent envoyés à Balliceaux, la moitié succomba de la fièvre jaune, alors que les autres furent envoyés, en 1797, sur l’Île de Roatan, face à la côte hondurienne. Depuis lors, le 12 avril est célébré comme la date de l’arrivée des Garifunas au Honduras.
La culture garifuna hondurienne s’est construite en intégrant de multiples influences, parmi lesquelles, africaine, arawak et européenne. De l’héritage africain nous pouvons apprécier ses danses de la punta, ses fables, ses cultes aux ancêtres et ses tambours. Chez de nombreux garifunas, la fierté pour l’origine africaine est proéminente. Ils se font appeler « garinagu », version africaine du nom de leur peuple, et leur drapeau tricolore possède le noir comme symbole de l’Africain. Ils conservent également des traditions très vivantes de la partie amérindienne, comme la préparation de la cassave, l’attrait de la mer et de la pêche, la foi dans les guérisseurs, les veillées, l’emploi des maracas dans les danses cérémoniales et, principalement, la langue garifuna, provenant de celle des Arawaks, avec des éléments du bantou d’Afrique Occidentale, de l’espagnol, du miskito, de l’anglais et du français.
Dans la communauté garifuna, la religion est une sorte de syncrétisme du catholicisme et d’autres croyances amérindiennes et africaines. Dans les rivières, les lagunes et les estuaires les hommes réalisaient des rites et des cérémonies pour éviter que les esprits emportent le poisson. Les divinités garifunas, les esprits des défunts appelés mafias, les esprits malins et l’Homme de la Mer font partie de l’imaginaire religieux de cette communauté.
Dans une cérémonie connue comme dügu, qui permet d’expier la mauvaise conduite et d’apaiser les esprits fâchés, les hommes chantent durant trois jours de pêche ; ensuite ils collectent des produits de la forêt et ils reviennent à la communauté où ils sont reçus avec des tambours, des chandelles et des chants. Quand la cérémonie se termine, la nourriture est envoyée aux ancêtres de l’autre côté de la mer, soit en l’enterrant sur la plage, soit en la lançant à la mer. (1)
Les tambours sont une partie indispensable des cérémonials religieux, comme de la culture garifuna en général. Non seulement on leur attribue des pouvoirs mystiques, mais aussi une influence réelle dans la subjectivité des membres de cette communauté. Certaines légendes racontent qu’un caraïbe noir n’entrera jamais sur le champ de la bataille sans des tambours fiables, et que ceux-ci pourraient même diriger la guerre avec le martèlement du tambour. Ainsi, par exemple, certains martèlements encouragent l’attaque alors que d’autres appellent au retrait.
Il a même été dit que la vigueur du roulement de tambour était si puissante qu’il pouvait convertir un grand guerrier en un lâche. C’est pour cette raison qu’étaient entraînés spécifiquement des soldats pour protéger les tambours qui étaient souvent la cible des attaques des adversaires (2). Actuellement, le rôle des tambours a changé considérablement : ils sont utilisés pour appeler la communauté à une veillée, pour établir des contacts avec les ancêtres ou pour établir le rythme d’une danse de la punta, considérée comme l’un des plus grands apports de la culture garifuna au monde.
Généralement, la danse de punta se réalise en couple. Chacun essaie de danser mieux que l’autre, en bougeant les hanches et les pieds au rythme du tambour, pendant que les joueurs commencent à accélérer le rythme que doit suivre le couple ou le groupe. La danse de punta peut être appréciée dans la plupart des festivals, bien que, d’après la tradition, elle était aussi employée lors des veillées pour garantir que l’esprit du défunt trouve une meilleure vie. Cependant, cela n’a pas été le seul changement dans la tradition des danses de punta des garifunas. Avant, seuls les adultes pouvaient les danser, et les femmes ne jouaient pas les tambours. Aujourd’hui tout est différent. Même les rustiques tambours en bois, les conques et les maracas ont été substitués par des instruments électriques, donnant origine au genre punta rock (3).
L’ETAT DE SANTE DU CINEMA EN HONDURAS
Une idée semble ressurgir : le meilleur moyen de faire des films en Honduras, c’est encore de se débrouiller soi-même. Le pays n’a pas de tradition cinématographique, et n’encourage pas du tout la production de films. En fait, depuis le coup d’Etat en 2009, quasiment toutes les aides ont été retirées. Pour le meilleur et pour le pire ? Cette absence de soutien a permis de développer une nouvelle façon de faire du cinéma, en faisant jouer le réseau et le système D. Mais pas sûr que le résultat soit au rendez-vous. Car si l’Etat ne subventionne rien, ne parraine rien, n’organise aucun concours, alors aucun critère de qualité n’est pris en compte. Ce qui prime, ce sont seulement les critères commerciaux. Et comme la rentabilité est assurée, ils n’ont aucun intérêt à développer une nouvelle niche. Et pas, non plus, à privilégier le cinéma hondurien.