Place au réalisateur Russe avec Serguei Eisenstein
CAFE CINEMA - EISENSTEIN
Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein est né le 10 janvier./ 22 janvier 1898 à Riga (gouvernement de Livonie, aujourd’hui Lettonie) et décédé le 11 février 1948 à Moscou
Jeunes années
En 1915, il entre à l’Institut des ingénieurs civils de Petrograd. En 1917, il abandonne ses études. Il gardera toute sa vie l’obsession du "calcul de l’effet de l’image". Il participe au débat de la révolution contre le tsar, cependant il ne s’engage pas politiquement lors de la révolution d’Octobre. Il sert dans l’Armée rouge comme ingénieur.
Du théâtre au cinéma
Démobilisé en 1920, Eisenstein devient metteur en scène et décorateur de théâtre. Il fait une rencontre déterminante avec Meyerhold, qui dirige le Théâtre Proletkult de Moscou. Son influence sera grande sur les innovations apportées par Eisenstein aux montages (son concept de montage intellectuel en particulier). décorateur , metteur en scène, clown - - Optique militante et avant-gardiste (option à priori contradictoire plus tard mais valable "encore" dans les années 20), comme l’idée idée de pièces contemporaines comme "Masque à gaz" donnée dans une usine de masque à gaz.
Il fait ses débuts au cinéma avec un court métrage en 1923, Le Journal de Gloumov . Sergueï Eisenstein réalise ce court métrage afin qu’il soit diffusé au théâtre avant la représentation de la pièce "Un homme sage" d’Alexandre Ostrovski. Montage d’attractions au sens forain du terme.pour mettre en valeur les origines du théâtre, simple et populaire. Un homme sage a été écrit au XIXe siècle, mais Eisenstein s’en prend aux spéculateurs accusés de provoquer les guerres pour vendre des canons et on pense plus aux débats sur les origines de la Première Guerre mondiale. La Russie nouvelle a besoin de propagandistes.
Les artistes, notamment les caricaturistes, peuvent faire se rallier les masses illettrées au combat des Bolcheviks. Alors Eisenstein peint des bannières, des affiches sardoniques, sarcastiques, bien dans son humeur.
Eisenstein et le film de propagande
« Il faut vous rappeler que de tous les arts, l’art cinématographique est pour nous le plus important » déclare Lénine, qui considère les films comme un instrument de propagande irremplaçable, même s’il considère que c’est aussi un moyen d’instruire le peuple. Dès le début des années 1920, le cinéma russe tombe ainsi sous le contrôle absolu de l’étât qui le dote d’mportants moyens. Les réalisateurs se mettent au service du nouveau régime : parmi eux Eisenstein. Pour lui il faut que le spectateur reçoive bien ce que il veut dire. (Conception rare ... Bresson... ce que Hitchcock appelle la direction du spectateur).Pour cel ail interpelle et agresse pour être efficace. Est-il efficace ? Pas sûr car la compréhension du film n’est pas évidente (cf. le journal de Gloumov)
En 1924
Il tourne "La grève" . Ce film est un destiné à avertir et éduquer les masses. C’est l’une des premières production de la cinématographie d’Etat de l’Union Soviétique peu de temps après la révolution de 1917. Eisenstein y fait preuve d’une remarquable maîtrise (c’est son premier film) dans le cadrage, le montage et la symbolique. Le destin des ouvriers écrasés par le système est mis en parallèle avec celui d’animaux en opposition avec la vie des bourgeois qui pourtant ne sont rien sans le peuple (agression du spectateur et attractions montés et liés par la métaphore). Cependant Eisenstein dira plus tard que l’effet est raté car les ouvriers pensent à la récupération du sang pour faire du boudin et les paysans ne sont pas choqués par les images de la tuerie des bovins. Le film fut restauré et sonorisé en 1969, avec des extraits des cinquième et sixième symphonies de Shostakovitch. En 1925, La Grève reçoit la médaille d’or de l’exposition des arts décoratifs, à Paris.
Synopsis : En 1912, dans l’Empire russe, les ouvriers d’une usine sont poussés à bout par des conditions de travail éreintantes, et des espions choisis parmi le lumpenprolétariat sont chargés de dénicher les meneurs syndicalistes. Un ouvrier est accusé à tort d’avoir volé un micromètre. Sous la pression, il se pend. Ses collègues décident de se mettre en grève, mais celle-ci sera réprimée de manière sanglante par l’armée tsariste.
En 1925 CUIRASSE POTEMKINE
C’est une deuxième commande. La commission, chargée par le Comité central du Parti communiste d’organiser le jubilé de la révolution manquée de 1905, a désigné Eisenstein pour réaliser un film commémoratif. Faute de temps, le réalisateur ne pourra traiter la totalité des événements, mais seulement l’un d’entre eux, la mutinerie intervenue sur le cuirassé. C’est donc une oeuvre didactique mais le réalisateur a gardé une grande liberté de création artistique pour évoquer le sujet.
Synopsis : L’événement, qui a lieu pendant la Révolution russe de 1905, en janvier, est ici vu comme précurseur de la révolution d’Octobre (1917) et est présenté du point de vue des insurgés. Le cuirassé reproduit, dans le microcosme de son équipage, les clivages de la société russe et ses inégalités. Les officiers présentés comme cyniques et cruels contraignent l’équipage à consommer de la viande pourrie, alors qu’eux-mêmes maintiennent un train de vie privilégié parmi l’équipage.
Commentaire :
Le cinéaste explique qu’il a construit son film en cinq actes à la manière des tragédies classiques :
"Les hommes et les asticots" : les marins protestent contre le fait de manger de la viande pourrie.
"Drame sur le pont" : les marins et leur chef Vakulinchuk se révoltent. Ce dernier meurt assassiné.
"Un homme mort en appelle à la justice" : le corps de Vakulinchuk est porté par la foule du peuple d’Odessa venue acclamer les marins comme des héros.
"L’escalier d’Odessa" : les soldats de la garde tsariste massacrent la population d’Odessa. Dans un escalier qui semble interminable.
"Rendez-vous avec l’escadron" : l’escadron qui a pour tâche de stopper la révolte du Potemkine refuse les ordres et rejoint les insurgés.
Le Cuirassé « Potemkine » est choisi, en 1958, comme le meilleur film de tous les temps par 117 critiques internationaux lors de l’exposition universelle de Bruxelles. Le film est tombé dans le domaine public dans la plupart des pays du monde. Plusieurs versions sonores ont été superposées aux images muettes d’Eisenstein. Une « nouvelle version » a été montrée au Festival du film de Berlin.
En 1927, OCTOBRE
Grosse mise en scène en 1920 avec 8000 figurants et des spectateurs placés au centre de l’action pour la commémoration de la révolution d’Octobre. Eisenstein reçoit commande d’un film de la part du Comité Exécutif Centrale du PC. Il s’inspire du roman américain :" Dix jours qui ébranlèrent le monde" de Reed, qui deviendra Octobre pour le dixième anniversaire de la révolution bolchévique d’octobre 1917. Il est considéré comme un « classique » du cinéma de propagande soviétique. ?? l’origine muet, il fut sonorisé en 1967 sur une musique de Dmitri Chostakovitch. Ce film retrace le soulèvement des soldats de la garnison de Pétrograd pour demander la démission du gouvernement provisoire. Celui-ci fait appel aux soviets qui sont armés puis vont prendre le pouvoir mais vont restés plus ou moins des alliés jusqu’en 1920.
Commentaire : Le budget est colossal. Les délais sont serrés (6 mois) ; Il tournera jour et nuit . Parfois les acteurs . Le réalisateur avait engagé des acteurs non professionnels pour donner à son film une apparence de vérité historique, ils furent recrutés dans les bars de Léningrad. Ainsi, c’est un ouvrier qui joua le rôle de Lénine. Par ailleurs, des moyens importants furent mobilisés pour la réalisation : le matériel militaire fut prêté par l’Armée rouge et certains quartiers de Léningrad furent plongés dans le noir pour avoir une tension électrique suffisante pour l’éclairage. Ce film prend encore des libertés avec l’histoire. Assaut du Palais d’hiver par les masses qui n’a pas eu lieu.
Dans ce film, Eisenstein met en place le montage symbolique : il associe des images qui feront surgir du sens chez le spectateur. Tout le film va reposer sur l’opposition entre Kerinsky et Lénine, alors qu’au départ c’est Trotski qui est le personnage central. Des passages où apparaissait initialement Léon Trotski seront coupés plus tard . Ce sont pour ces raisons qu’à partir de cette époque, le réalisateur est de plus en plus surveillé par le régime. Le pouvoir en place lui préfère alors d’authentiques apparatchiks.
EN 1929 La LIGNE GENERALE
Le réalisateur tourne un film poétique, mais aussi de propagande, qui met en valeur les bienfaits de la collectivisation des campagnes dans un petit village russe, La ligne générale.
Synopsis : Dans l’immensité tragique de la plaine russe, une population misérable de paysans armés d’outils dérisoires, s’active au dur labeur de terre. La saison des labours est arrivée. Mais Marfa Lapkina n’a toujours pas de cheval pour sa charrue. En désespoir de cause, elle attelle sa pauvre vache, qui finit par tomber d’épuisement sous l’oeil indifférent des autres journaliers. « Cette vie ne peut plus durer, hurle Marfa. Nous devons nous unir ». Un kolkhoze va naître ; et grandira, grâce à l’obstination de Marfa, malgré la méfiance des villageois et l’hostilité criminelle des paysans aisés, les koulaks. Le film montre les bienfaits du kolkhoze à travers des images poétiques ; qu’il s’agisse de la mise en route de l’écrémeuse en fer blanc, ou encore de l’arrivée du tracteur, qui entraîne tous les chariots du village dans une farandole joyeuse à travers champs et collines débarrassés de leurs barrières ?
Autour du film : Un autre nom donné parfois au film est L’Ancien et le nouveau. En 1930, la police interdit une projection du film à Paris et menace d ???expulser son réalisateur venu pour y donner une conférence. La Ligne générale est une ode au progrès et aux nouvelles machines, même si le tracteur n ???y fonctionne pas très bien... Chez Eisenstein, le ralliement des micro-unités au grand Tout n ???est pas aussi lisse que cela, la contribution à l ???efficacité des machines exige en dernier lieu le dépouillement, le dénuement du peuple, possible dindon de la farce du progrès et de la technique. »
Voyages en Europe et aux Etats-Unis
Parti d’URSS officiellement pour découvrir les techniques du cinéma sonore, Eisenstein parcourt l’Europe avant de partir aux Etats-Unis. Il est avec son opérateur Edouard Tissé et son assistant Grigori Alexandrov. Il participe entre autres à un congrès de cinéastes indépendants à la Sarraz en Suisse, donne une conférence polémique à la Sorbonne, parcourt le Midi de la France, etc. Pendant ce temps-là, Alexandrov et Tissé, pour se faire un peu d’argent tout en travaillant un peu la partie sonore, acceptent de tourner ce qui sera Romance sentimentale, moyen métrage où l’on peine à retrouver la patte d’Eisenstein (peut-être dans les inserts d’animations ?).
En 1930, Paramount Pictures invite Eisenstein à Hollywood avec un contrat de cent mille dollars. Il arrive à New York le 20 mai. Paramount veut lui faire faire une version filmée sur la Tragédie américaine de Theodore Dreiser, mais des désaccords profonds apparaissent quant au discours et au thème du film, et l’amènent à partir en octobre. Charles Chaplin l’introduit auprès d’Upton Sinclair qui réussit à dégager des fonds pour la réalisation d’un film sur le Mexique. Eisenstein part au Mexique avec Edouard Tissé et Grigori Alexandrov où ils essaient de produire un documentaire en partie dramatisé intitulé Que Viva Mexico !.
Avant qu’il ne soit terminé, Upton Sinclair stoppe la production, et Staline dans un même temps exige qu’Eisenstein retourne en Union soviétique. Ce dernier, avant de quitter le sol américain, monte rapidement quelques rushs pour les montrer à un petit auditoire. Upton Sinclair doit lui faire suivre les bobines à Moscou. Mais elles ne furent jamais envoyées. En 1933 à New York, un premier montage est réalisé par Sol Lesser, sans intervention d’Eisenstein, et exploité sous le titre Tonnerre sur le Mexique. Depuis plusieurs versions ont été créées, plus ou moins proches des intentions initiales d’Eisenstein. Que Viva Mexico ! est considéré pour cela comme un film maudit, bien que ce fut de son propre aveu son préféré, en esprit. Il fut monté par Grigori Aleksandrov trente ans après le tournage. « Eisenstein a décidé de faire un film original sur un pays original dont l’histoire tragique peut être contée sans acteurs professionnels, ni décor. » Grigori Aleksandrov.
Grigori Aleksandrov affirme en préambule du film diffusé en 1979 qu’Eisenstein, lors de sa tournée américaine en 1930, voulait tourner un film sur le continent américain. Mais il ne trouve d’accord avec les producteur d’Hollywood et se tourne vers Upton Sinclair pour produire le film. Il se décide alors de choisir le Mexique comme lieu de l’action et surtout comme sujet à part entière. Avant de commencer le tournage, Eisenstein et ses proches collaborateurs (Alexandrov et Tissé) rencontrent des intellectuels mexicains (Rivera, Siqueiros et Orozco) qui leur font découvrir le pays. Ils parcourent alors le Mexique du sud au nord : « Des milliers de kilomètres sur des routes difficiles » dit Alexandrov. L’équipe de tournage est réduite : elle se limite au réalisateur et à ses deux collaborateurs.
Le film devait comprendre plusieurs épisodes, « certains presque documentaires, d’autres romancés » : 1. Fiesta ; 2. Sandunga ;3.Maguey ; 4. Soldadera. Il a été possible de monter les trois premiers épisodes mais pas le dernier qui n’a pas été filmé. Soldadera devait montrer le Mexique à l’époque du soulèvement de 1910 qui aboutit à la Révolution mexicaine. « Le héros de l’épisode devait être le simple Mexique en lutte ». Les soldaderas sont les femmes des soldats qui allaient de village en village pour assurer l’approvisionnement des troupes. « Elles étaient constamment aux côtés des soldats et notre soldadera devait être le symbole du Mexique qui commence à comprendre que la force est non dans les dissensions mais dans l’union du simple peuple contre la réaction ». Ce film est une tentative de Staline et de la propagande soviétique de récupérer la révolution mexicaine, en faisant a posteriori une révolution de type bolchévique.
Retour en URSS
L’incursion en Occident rend Staline plus suspicieux à l’égard d’Eisenstein, méfiance qui gagne la nomenklatura. La bureaucratie impose l’annulation des deux projets suivants
Le Pré de Béjine est un film de 1937, réalisé par Sergueï Eisenstein et célèbre pour avoir été détruit en grande partie avant son achèvement. Initialement Commandé par un groupe de jeunes communistes, la production du film s’étala de 1935 à 1937, avant d’être arrêtée par le gouvernement central soviétique, qui disait qu’il contenait des erreurs artistiques, sociales et politiques. Certains, toutefois, prirent l’exemple de ce film pour critiquer l’ingérence du gouvernement sur le cinéma, étendant cette critique à Joseph Staline lui-même. Eisenstein considéra ensuite son travail comme étant une erreur. Un certain nombre de personnes furent arrêtées pendant les évènements qui s’ensuivirent.
On a longtemps cru que Le Pré de Béjine avait été perdu dans les bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, dans les années 1960, une partie du montage et des photogrammes fut retrouvée. A partir de ces morceaux, une reconstitution, basée sur le scénario original, fut entreprise. Riche en symbolisme religieux, le film et son histoire devint un sujet d’études. Il existe plusieurs versions du film, Le Pré de Béjine ayant été maintes fois modifié, voire retourné par morceaux pour satisfaire les autorités soviétiques.
VIDEO : Pré de Bejine
Synopsis : Il raconte l’histoire d’un jeune fermier tentant de s’opposer à son propre père, qui a l’intention de trahir le gouvernement soviétique en sabotant la récolte annuelle. Le film culmine sur le meurtre du garçon et une émeute. Le titre vient du nom d’une nouvelle d’Ivan Tourgueniev, bien que le film ne soit pas adapté de cette oeuvre mais de la vie de Pavlik Morozov, un jeune Russe qui devint un martyr politique après son assassinat par sa famille en 1932, le jeune homme ayant dénoncé son père au gouvernement. Morozov fut ensuite mis à l’honneur dans les programmes scolaires, les poèmes, la musique, et dans ce film.
Le film suivant, est une Commande des autorités staliniennes, Alexandre Nevski est conçu à l’origine comme un film épique de propagande contre l’expansionnisme nazi : les chevaliers teutoniques et porte-glaive, envahisseurs du territoire russe et évoquent clairement une menace. De ce fait la lecture du film doit toujours se faire à deux niveaux : le XIIIe siècle épouse un contexte contemporain. Par cette page d’histoire, l’URSS affirme qu’elle est prête à se défendre face à un envahisseur quelconque mais déjà tout désigné. Le film sortit en URSS le 1er décembre 1938. La signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939 provoqua la suspension de son exploitation. Mais avec le déclenchement de l’opération Barbarossa le 22 juin 1941, le film réapparut pour galvaniser l’élan patriotique contre l’attaque germanique. La musique a été composée par Sergueï Prokofiev.
Synopsis : Le film retrace un événement phare de l’histoire de la Russie au XIIIe siècle : l’opposition du prince Alexandre Nevski à l’invasion des chevaliers teutoniques et notamment la bataille du lac Peïpous qui mit fin à leur expansion orientale. Alexandre Nevski harangue le peuple à faire face à une double menace : les Mongols à l’est, les Teutons à l’ouest. Le Mongol est fourbe, le Teuton est un soldat sans pitié. Alexandre décide dans l’urgence de s’attaquer à l’homme de guerre, le fourbe patientera. La bravoure patriotique se mêle à des stéréotypes disséminés dans les deux camps : le lâche, le généreux, le brave, le sacrifié.
Les gros plans de visages d’Edouard Tissé, caractéristiques des films d’Eisenstein, accentuent la bravoure ou la traîtrise. Le traitement plastique des images (scène du Teutonique englouti dans les eaux, soldats et chevalier des chevaliers teutoniques disparaissant dans les eaux et sont traitées comme deux masses indistinctes) ont fait date . Eisenstein met ici en place le contrepoint audiovisuel : la musique de Prokofiev fait naître des contrastes, tantôt comiques, tantôt dramatiques, avec les images.
Le réalisateur a été très surveillé pendant le tournage du film et les acteurs sont des membres du Parti. et un superviseur « officiel » lui est adjoint pendant la création d’Alexandre Nevski. Le tour de force de ce film est symbolisé par la séquence finale de la bataille sur la glace : malgré la censure, le réalisateur a réussi à révolutionner son propre cinéma
VIDEO Alexandre Nevski - Charges des chevaliers
Le dernier film d’ Eisenstein est tourné entre 1942 et 1944, il s’agit d’Ivan le terrible. Ivan IV de Russie, surnommé Ivan le Terrible, à la mort de son père Vassili III en 1533, devient Grand Prince de Russie. En attendant sa majorité, sa mère Hélène Glinskaïa assure la régence. Cette dernière meurt en 1538, laissant l’Etat aux boyards qui cherchent à prendre le pouvoir. En 1547, Ivan IV atteint sa majorité ; il est le premier grand-prince moscovite à être officiellement couronné tsar. Il s’entoure de fidèles conseillers et se tient à l’écart de la noblesse à cause de la révolte des nobles durant son enfance. Il réunit le premier zemski sobor, qui est une sorte d’états généraux. Souvent excessif et cruel, Ivan IV fonde une Russie forte et crée un modèle de pouvoir suprême pour les tsars. Peut-être est il mort, on ne le sait pas. Dans tous les cas, sa terreur reste éternelle.
Ce film comprend trois parties. La première reçoit le prix Staline. La deuxième partie, terminée en 1946, est en revanche censurée jusqu’en 1958, car Ivan n’y est plus décrit comme un héros mais comme un tyran paranoïaque. La troisième partie, commencée en 1946 et restée inachevée, est confisquée et en partie détruite.
Eisenstein meurt à la suite d’une hémorragie le 10 février 1948 et est enterré au cimetière de. Novodevitchi