CINEMA EQUATORIEN
Histoire du cinéma équatorien
1. Le passé (1920 – 1990)
Les premiers films sont tournés dans les années 1920 _ 1924 : « Tesoro de Atahualpa » (Augusto San Miguel) _ mais c’est seulement en 1950 qu’apparaît le premier film parlant.
Dans les années 1960 plusieurs films sont réalisés en coproduction avec le Mexique. Des étrangers tournent quelques films au cours des deux décennies suivantes, mais la production nationale est resté modeste jusqu’à ces dernières années : on dénombrait 17 longs métrages entre 1924 et 1999. Toutefois des actions ont été entamées dans les années quatre-vingt et s’est développée une toute nouvelle génération de cinéastes, réunis dans le groupe Asocine
2. L’éveil du cinéma équatorien
La production cinématographique équatorienne atteint à l’heure actuelle un niveau fort prometteur.Tout le combat des cinéastes en ces deux dernières décennies du siècle fut consacré à obtenir l’adoption de la Loi du cinéma, loi protégeant et encourageant le cinéma national.
Les réalisateurs
À la fin du siècle dernier le succès de « Ratas, ratones, rateros » de Sebastian Cordero a servi de démarreur au développement de la production équatorienne. L’histoire se passe entre Quito et Guayaquil, les deux plus grandes villes d’Equateur. Salvador (Marco Bustos) est un lycéen qui vit avec son père (Antonio Ordoñez) dans un quartier populaire de la capitale. Peu motivé par l’école, il est en conflit permanent avec son père. Arrive un jour Angel (Carlos Valencia), un cousin drôle, mais à la mauvaise réputation. Tous deux accumulent les petits coups et vont jusqu’à Guayaquil revendre une voiture volée. Là-bas, Angel est rattrapé par ses vieux démons : quelques jours auparavant, il a tué l’un de ses créanciers... Pris de panique ils décident de remonter tous les deux à Quito, où ils pensent faire fortune. Ils fréquentent alors Carolina (Irina Lopez), la riche cousine de Salvador, chez qui ils vont trouver les moyens de faire fortune. Lassé des risques et des coups tordus, Salvador s’éloigne d’Angel et cherche l’amour dans les yeux de Mayra (Cristina Davila) et tente de se réconcilier avec son père...
Alors qu’auparavant il se produisait un long métrage tous les trois ans, on est parvenu à partir de 2000 à trois films (ou plus) par an. Et ce en restant dans le domaine de la fiction. Si on prend en compte le documentaire, on peut multiplier par deux ces chiffres.
Deux documentaires équatoriens ont été primés au festival Ciné latino de Toulouse en avril 2014. Il s’agit de « El grill de Cesar » de Dario Aguirre, Darío Aguirre nous conduit à la quête de l’amour paternel. De retour chez ses parents, après quelques années passées en Europe, il souhaite les aider à relancer les affaires familiales, auxquelles il avait délibérément tourné le dos. Il devient le principal appui de son père, Cesar, dans son restaurant-grill d’un quartier populaire. Le caractère drolatique du personnage et de la réalisation permettent d’être touché tout en gardant toujours le sens de l’absurde. Y compris quand Darío se transforme en bête de scène...
et « La mort de Jaime Roldós » de Lisandra Rivera et Manolo Sarmiento,
Fruit de sept ans de recherches, ce film retrace la brève et dense présidence de Jaime Roldós brutalement interrompue par sa mort violente dans un crash aérien. Premier président élu démocratiquement, Roldós chercha à faire abstraction de la pression que les dictatures sud-américaines, guidées par les États-Unis, lui infligèrent afin d’exclure en Équateur, comme dans le reste de l’Amérique, tout tentative progressiste qui aurait pu contrecarrer les intérêts des oligarchies américaines. La documentation, qui replace subtilement les faits dans leur contexte politique continental et mondial, est remarquablement éclairante. La question des rapports humains dans le déroulé des événements est abordée avec une grande délicatesse, notamment à travers les positionnements très différents des trois enfants de Roldós. Cet excellent et beau film politique a provoqué en Équateur de multiples réactions, de la réclamation judiciaire au refus de le projeter.
Les deux documentaires ont remporté ex-æquo le prix 2014 du meilleur documentaire au festival du Ciné latino de Toulouse. Comme bien souvent en Amérique du Sud apparaît deux genres : celui qui est encore emprunt des malheurs de la dictature et celui qui veut se tourner vers un cinéma de la dérision et de l’humour pour aider à oublier.
Des cinéastes comme Victor Arregui, Tania Hermida, Mateo Herrera, Anahí Hoenesein et Daniel Andrade entre autres ont fait leur entrée sur la scène cinématographique équatorienne au long des dix années passées.
À eux, il convient d’ajouter les noms de Sebastian Cordero
et du doyen du cinéma national Camilo Luzuriaga.
Les films
Des titres comme « Fuera de juego », « Qué tan lejos »,
« Crónicas », « Mientras llega el dia », « Esas no son penas »
et quelques autres ont été distribués dans des salles commerciales du pays et ont, au total, dépassé les 600 000 spectateurs. Ces titres ont par ailleurs eu beaucoup de succès au plan international et notamment à San Sebastian, La Havane et à Sundance.
Les structures
Le dynamisme de la production équatorienne lors des premières années du XXIème siècle a amené l’État équatorien à approuver l’adoption de la première Loi du cinéma. C’est l’adoption en 2006 de la loi de développement du cinéma national qui a accéléré la croissance et la consolidation de l’industrie cinématographique équatorienne.
Au talent et à la diversité des sujets abordés correspond l’application correcte d’un mécanisme sélectif d’attribution de financements ; et ce à travers des appels à projets annuels, appels mis en oeuvre par des comités de sélection externes (grâce au concours de cinéastes latino-américains).
Il convient d’ajouter que l’Équateur participe activement à la CAACI (Conferencia de Autoridades Audiovisuales y Cinematográficas de Iberoamérica ) et au programme Ibermedia. Programmes qui ont mis en oeuvre jusqu’à présent plus de 5 millions de dollars US en projets de toutes sortes. Ces appels à projets touchent aussi bien les soutiens à l’écriture qu’au développement de scénarios ; le soutien à la production de longs métrages de fiction ou de documentaires ; l’appui à la post-production de longs métrages ; l’appui à la production de courts métrages et de films d’animation ou expérimentaux. Des aides sont également attribuées à différents festivals dans tout le pays. En 2010, on a pu comptabiliser à 130 le nombre de projets aidés, toutes catégories confondues. Six à huit coproductions sont prévues pour l’année 2010 alors qu’il n’y en avait aucune il y a seulement cinq ans.
Cette loi, au-delà de sa valeur intrinsèque, a permis à toute la société équatorienne de comprendre l’importance stratégique de la production audiovisuelle. Le processus mis en place par cette loi traduit le caractère essentiel de la mise en place de politiques publiques dans le domaine stratégique qu’est le cinéma. Le cinéma conçu comme un élément de bien-être des citoyens équatoriens.
Ref :
Jorge Luis Serrano Salgado, directeur du CNCine (Consejo Nacional de Cinematografía -Équateur)